Le pouvoir égyptien reproche aux médias étrangers de déformer l’actualité en Egypte. Selon Reporters sans frontières, le pays gouverné par le président al-Sissi, est 158e sur 180 au classement de la liberté de la presse.
On n’est jamais si bien servi que par soi-même. Face à la couverture jugée « inexacte » de l’actualité égyptienne, le régime du président Abdel Fattah al-Sissi a lancé cette semaine le site en ligne Egypt MFA Blog . Mais ce qui se veut une « plateforme » pour les chercheurs, diplomates ou autres curieux, selon le ministre des Affaires étrangères Sameh Shoukry, fait plutôt penser à un instrument de propagande au service du pouvoir.
« Ce site fournit des informations complémentaires à celles des grands médias internationaux au contenu éditorial politisé », souligne Sameh Shoukry dans une note de bienvenue sur le blog. « Son but est de produire des informations plus objectives des événements qui se déroulent en Egypte pour ceux qui cherchent autre chose qu’une vérité partielle. »
Dernièrement, un reportage de la chaîne américaine CNN au sujet de la décapitation d’un otage croate par un groupe armé égyptien affilié à l’Etat islamique a irrité le pouvoir. « Ce reportage parle de chaos et de terrorisme en Egypte, ainsi que de l’absence de l’Etat, le tout de façon sarcastique, sans objectivité, ni professionnalisme, ni honnêteté », avait réagi amèrement le ministre des Affaires étrangères après sa diffusion.
Ce dernier n’avait pas davantage apprécié le rapport de l’ONG Human Rights Watch , publié cet été, sur le massacre de la place du Caire Rabaa Al-Adawiya, qui a coûté la vie à au moins 800 personnes en 2013 parmi les partisans de Mohamed Morsi, le président et membre des Frères musulmans déchu en 2013.
La presse bâillonnée en Egypte
Arrivé à la tête de l’Egypte à la faveur d’un coup d’Etat en juillet 2013, le président al-Sissi est régulièrement la cible de critiques pour son autoritarisme. Son prédécesseur, Mohamed Morsi, est emprisonné depuis deux ans. Si ses avocats nient les faits qui lui sont reprochés par la justice et ont fait appel, le premier président élu démocratiquement de l’histoire de l’Egypte pourrait être emprisonné à vie, voire exécuté.
« La situation des droits humains s’est dégradée de manière continue et dramatique après la destitution du président Mohamed Morsi, en juillet 2013. Le gouvernement a imposé des restrictions sévères à la liberté d’expression, d’association et de réunion. Des milliers de personnes ont été arrêtées et placées en détention lors d’une vague de répression qui s’est abattue sur l’opposition », déplorait Amnesty International dans son rapport 2014-2015 sur la situation des droits humains dans le monde.
De son côté, Reporters sans frontières (RSF) rappelait en août 2015 à l’occasion de la visite de François Hollande en Egypte, que ce pays était classé « 158e sur 180 pays au classement mondial 2015 de la liberté de la presse » et était « l’une des plus grandes prisons du monde pour les journalistes, après la Chine, l’Erythrée et l’Iran. » Pas sûr que le site Egypt MFA Blog permette à l’Egypte de gagner quelques places dans le prochain classement.
Source: lesechos